秋天, qiū tiān, automne.
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秋天, qiū tiān, automne.
嗨, hāi, salut !
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle .
Qui rase du bout de l’aile :
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
A. de Lamartine.
Il ne vous a pas échappé que l'automne et, qui sait, peut-être aussi un précoce hiver, est bien là. Tout s'endort lentement, tout s'alanguit paisiblement. Il n'est pas un végétal, un animal, un cul-terreux ou un poète qui l'ignore. Seul, exception dans la nature, l'orgueilleux (euse) homo occidentalis tout secondarisé et tertiarisé qu'il est, tout imbu(e) de sa science et de sa technologie, prétend s'affranchir des aléas saisonniers. A peine consent-il à modifier quelque peu sa garde-robe et encore, sans doute pour être en accord avec les diktats du marketing vestimentaire plutôt que pour être en harmonie avec le temps qu'il fait. Résultat, privé de lumière et de vitamine D, de crudités et de vitamine C, sourd aux appels répétés d'un corps épuisé aspirant à un légitime repos, les pathologies, tant traumatiques que microbiennes vont se faire tout à la fois plus fréquentes et plus graves. Le lamentable épisode du coronavirus n'est, à cet égard, qu'une goutte d'eau dans cet océan de turpitudes.
Or la civilisation traditionnelle chinoise (avant que d'être dégénérée par le capitalisme occidental) a toujours été fondamentalement rurale. Il n'est pas étonnant alors que ce grand classique de la sagesse chinoise qu'est le 易经, yì jīng, le Livre des Changements (ou des Mutations), commence par ces quatre termes : 元, 亨, 利, 贞, yuán, hēng, lì, zhēn, c'est-à-dire "commencement, essor, profit, pureté". Chaque terme ne sert à rien d'autre qu'à qualifier une saison. On devine sans peine qu'il s'agit, dans l'ordre chronologique, du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver. Et on comprend aussi sans grande difficulté qu'au grand recommencement du printemps et qu'au foisonnement de l'été succède nécessairement le "profit" de l'automne et la "pureté" de l'hiver. Que faut-il entendre par là ? 利, lì, le "profit" automnal signifie que l'on engrange, au sens littéral du terme (on met dans la grange) les bienfaits que l'été nous a procurés. En d'autres termes, on ne progresse plus, on commence à vivre sur ses réserves. De même, 贞, zhēn, la pureté hiémale désigne la raréfaction des ressources, un déficit de substance, un amaigrissement généralisé, un ralentissement métabolique salutaire qui prélude au (re)commencement du printemps.
Bon, d'accord. Dans le contexte hyper-urbanisé qui est, hélas, le nôtre, ce que je viens de dire ne peut avoir de valeur que très relative et plutôt symbolique. Car, comme le dit le proverbe, "lorsque les riches maigrissent, ce sont les pauvres qui meurent". En d'autres termes, cette léthargie naturelle ne peut être que très partielle et ne peut avoir d'effets que très limités. Faut-il pour autant y renoncer ? Faut-il, par exemple, s'abstenir de manger en qualité et en quantité, des aliments de saison ? Faut-il ignorer nos besoins accrus en sommeil ? Et surtout (c'est là que je voulais en venir), faut-il continuer à se dépenser physiquement avec la même fréquence et la même intensité qu'à la belle saison ? Bref, faut-il poursuivre le fantasme dévastateur consistant à prétendre dompter notre corps au lieu d'admettre humblement que NOUS SOMMES notre corps (en chinois, 身体, shēn tǐ, signifie à la fois "corps" et "santé").
D'où ma question : êtes-vous plutôt dans le déni occidental ou bien dans la sagesse chinoise ? Pour ma part, j'avoue sans honte que ce n'est que très récemment (la soixantaine largement dépassée) que j'ai pris conscience de ce problème.
PhiPhilo.
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle .
Qui rase du bout de l’aile :
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
A. de Lamartine.
Il ne vous a pas échappé que l'automne et, qui sait, peut-être aussi un précoce hiver, est bien là. Tout s'endort lentement, tout s'alanguit paisiblement. Il n'est pas un végétal, un animal, un cul-terreux ou un poète qui l'ignore. Seul, exception dans la nature, l'orgueilleux (euse) homo occidentalis tout secondarisé et tertiarisé qu'il est, tout imbu(e) de sa science et de sa technologie, prétend s'affranchir des aléas saisonniers. A peine consent-il à modifier quelque peu sa garde-robe et encore, sans doute pour être en accord avec les diktats du marketing vestimentaire plutôt que pour être en harmonie avec le temps qu'il fait. Résultat, privé de lumière et de vitamine D, de crudités et de vitamine C, sourd aux appels répétés d'un corps épuisé aspirant à un légitime repos, les pathologies, tant traumatiques que microbiennes vont se faire tout à la fois plus fréquentes et plus graves. Le lamentable épisode du coronavirus n'est, à cet égard, qu'une goutte d'eau dans cet océan de turpitudes.
Or la civilisation traditionnelle chinoise (avant que d'être dégénérée par le capitalisme occidental) a toujours été fondamentalement rurale. Il n'est pas étonnant alors que ce grand classique de la sagesse chinoise qu'est le 易经, yì jīng, le Livre des Changements (ou des Mutations), commence par ces quatre termes : 元, 亨, 利, 贞, yuán, hēng, lì, zhēn, c'est-à-dire "commencement, essor, profit, pureté". Chaque terme ne sert à rien d'autre qu'à qualifier une saison. On devine sans peine qu'il s'agit, dans l'ordre chronologique, du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver. Et on comprend aussi sans grande difficulté qu'au grand recommencement du printemps et qu'au foisonnement de l'été succède nécessairement le "profit" de l'automne et la "pureté" de l'hiver. Que faut-il entendre par là ? 利, lì, le "profit" automnal signifie que l'on engrange, au sens littéral du terme (on met dans la grange) les bienfaits que l'été nous a procurés. En d'autres termes, on ne progresse plus, on commence à vivre sur ses réserves. De même, 贞, zhēn, la pureté hiémale désigne la raréfaction des ressources, un déficit de substance, un amaigrissement généralisé, un ralentissement métabolique salutaire qui prélude au (re)commencement du printemps.
Bon, d'accord. Dans le contexte hyper-urbanisé qui est, hélas, le nôtre, ce que je viens de dire ne peut avoir de valeur que très relative et plutôt symbolique. Car, comme le dit le proverbe, "lorsque les riches maigrissent, ce sont les pauvres qui meurent". En d'autres termes, cette léthargie naturelle ne peut être que très partielle et ne peut avoir d'effets que très limités. Faut-il pour autant y renoncer ? Faut-il, par exemple, s'abstenir de manger en qualité et en quantité, des aliments de saison ? Faut-il ignorer nos besoins accrus en sommeil ? Et surtout (c'est là que je voulais en venir), faut-il continuer à se dépenser physiquement avec la même fréquence et la même intensité qu'à la belle saison ? Bref, faut-il poursuivre le fantasme dévastateur consistant à prétendre dompter notre corps au lieu d'admettre humblement que NOUS SOMMES notre corps (en chinois, 身体, shēn tǐ, signifie à la fois "corps" et "santé").
D'où ma question : êtes-vous plutôt dans le déni occidental ou bien dans la sagesse chinoise ? Pour ma part, j'avoue sans honte que ce n'est que très récemment (la soixantaine largement dépassée) que j'ai pris conscience de ce problème.
PhiPhilo.
Re: 秋天, qiū tiān, automne.
N'ayant pas encore la soixantaine, je n'ai pas la conscience de ce problème aussi développée que PhiPhilo. Mais comme je m'en rapproche d'année en année, je fais déjà quelques constats d'où je tire quelques conclusions.
Plus on se rapproche de l'hiver, plus le corps s'engourdit et sa capacité à faire des performances diminue. Faut-il pour autant arrêter toute activité physique et rentrer dans une phase de léthargie ou d'hibernation comme le fond certains animaux ? (remarque : ce n'est pas ce que propose PhiPhilo d'ailleurs).
Pour ma part, j'essaie de maintenir une activité la plus régulière possible (en tenant compte de la météo), sans chercher la performance, mais plutôt un travail de fond. C'est à mon avis la meilleure manière de bien préparer le commencement.
Plus on se rapproche de l'hiver, plus le corps s'engourdit et sa capacité à faire des performances diminue. Faut-il pour autant arrêter toute activité physique et rentrer dans une phase de léthargie ou d'hibernation comme le fond certains animaux ? (remarque : ce n'est pas ce que propose PhiPhilo d'ailleurs).
Pour ma part, j'essaie de maintenir une activité la plus régulière possible (en tenant compte de la météo), sans chercher la performance, mais plutôt un travail de fond. C'est à mon avis la meilleure manière de bien préparer le commencement.
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Daniel_56
Daniel_56- Membre 5 ansMembre 5 ans
- Localisation : Golfe du Morbihan
Re: 秋天, qiū tiān, automne.
Bonjour Daniel.
En effet, à notre corps défendant nous sommes des êtres vivants qui, volens nolens, sommes engagés dans ce que les Chinois appellent 天行, tiān xíng, c'est-à-dire le cours de la nature (littéralement "la marche du ciel"). Du coup, nous ne pouvons pas faire abstraction des modifications saisonnières qui affectent notre métabolisme sans pour autant pouvoir entrer en hibernation comme le font certaines catégories d'organismes. De plus, notre culture, notre vie sociale nous contraignent à maintenir certaines activités (je pense notamment à l'activité productive), et cela en dépit des injonctions répétées de notre constitution biologique (fatigue, énervement, insomnie, raideur, perte -ou prise- de poids, voire maladie). Alors, comment faire ?
Vous êtes sans doute dans le vrai : être, dans la mesure du possible, à l'écoute des signaux cénesthésiques que nous envoie notre corps, notamment ceux concernant la nécessité de "lever le pied", voilà la sagesse. Concrètement, il s'agit d'accepter de cesser provisoirement de progresser pour enfin "engranger" les bénéfices ( 利, lì, le "profit" automnal) de la saison de l'essor (亨, hēng) estival et même, préparer la purification (贞, zhēn) hivernale qui n'est rien d'autre, en fait, qu'une régression temporaire. Ce qui passe, non seulement par une modification consciente et consentie de la nature, de la fréquence et de l'intensité de la plupart de nos activités mais aussi, bien entendu, par une modification, tant en quantité qu'en qualité, de notre régime alimentaire. Bref, il s'agit toujours, comme on dit en chinois, d'"accompagner les conditions extérieures" (以 佐 其 外, yǐ zuǒ qí wài). Sans ces précautions, il est à craindre que le 元, yuán, (re)-commencement printanier ne soit hypothéqué.
PhiPhilo.
Daniel_56 a écrit:Plus on se rapproche de l'hiver, plus le corps s'engourdit et sa capacité à faire des performances diminue. Faut-il pour autant arrêter toute activité physique et rentrer dans une phase de léthargie ou d'hibernation comme le fond certains animaux ? (remarque : ce n'est pas ce que propose PhiPhilo d'ailleurs).
En effet, à notre corps défendant nous sommes des êtres vivants qui, volens nolens, sommes engagés dans ce que les Chinois appellent 天行, tiān xíng, c'est-à-dire le cours de la nature (littéralement "la marche du ciel"). Du coup, nous ne pouvons pas faire abstraction des modifications saisonnières qui affectent notre métabolisme sans pour autant pouvoir entrer en hibernation comme le font certaines catégories d'organismes. De plus, notre culture, notre vie sociale nous contraignent à maintenir certaines activités (je pense notamment à l'activité productive), et cela en dépit des injonctions répétées de notre constitution biologique (fatigue, énervement, insomnie, raideur, perte -ou prise- de poids, voire maladie). Alors, comment faire ?
@Daniel_56 a écrit :
Pour ma part, j'essaie de maintenir une activité la plus régulière possible (en tenant compte de la météo), sans chercher la performance, mais plutôt un travail de fond. C'est à mon avis la meilleure manière de bien préparer le commencement.
Vous êtes sans doute dans le vrai : être, dans la mesure du possible, à l'écoute des signaux cénesthésiques que nous envoie notre corps, notamment ceux concernant la nécessité de "lever le pied", voilà la sagesse. Concrètement, il s'agit d'accepter de cesser provisoirement de progresser pour enfin "engranger" les bénéfices ( 利, lì, le "profit" automnal) de la saison de l'essor (亨, hēng) estival et même, préparer la purification (贞, zhēn) hivernale qui n'est rien d'autre, en fait, qu'une régression temporaire. Ce qui passe, non seulement par une modification consciente et consentie de la nature, de la fréquence et de l'intensité de la plupart de nos activités mais aussi, bien entendu, par une modification, tant en quantité qu'en qualité, de notre régime alimentaire. Bref, il s'agit toujours, comme on dit en chinois, d'"accompagner les conditions extérieures" (以 佐 其 外, yǐ zuǒ qí wài). Sans ces précautions, il est à craindre que le 元, yuán, (re)-commencement printanier ne soit hypothéqué.
PhiPhilo.
Re: 秋天, qiū tiān, automne.
Bonjour
Depuis des années maintenant, je fais une pause physique pendant trois semaines à un mois en automne.
Je suis d'ailleurs en plein dedans en ce moment
Ensuite je recommence tranquillement à refaire du sport, juste pour reprendre une condition physique minimale, en essayant de faire au moins deux activités par semaine.
L'hiver est une des périodes d'ailleurs que je préfère, pour pratiquer la marche nordique et bien sûr le ski de fond.
Marcher sur les chemins légèrement enneigés, procure des sensations complètement différentes. Les bruits extérieurs sont étouffés, et la blancheur du paysage transportent dans un autre monde, ou l'on ressent plus son intérieur.
A essayer sans modération
Depuis des années maintenant, je fais une pause physique pendant trois semaines à un mois en automne.
Je suis d'ailleurs en plein dedans en ce moment
Ensuite je recommence tranquillement à refaire du sport, juste pour reprendre une condition physique minimale, en essayant de faire au moins deux activités par semaine.
L'hiver est une des périodes d'ailleurs que je préfère, pour pratiquer la marche nordique et bien sûr le ski de fond.
Marcher sur les chemins légèrement enneigés, procure des sensations complètement différentes. Les bruits extérieurs sont étouffés, et la blancheur du paysage transportent dans un autre monde, ou l'on ressent plus son intérieur.
A essayer sans modération
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Foncine
A chaque âge, sa vie
Foncine- Membre 5 ansMembre 5 ans
- Localisation : Grenoble
PhiPhilo aime ce message
Re: 秋天, qiū tiān, automne.
Transition 秋天, qiū tiān, 冬天, dōng tiān, automne-hiver, transition 利, 贞, lì, zhēn, profit-purification. Concrètement, il s'agit de tirer profit de l'année écoulée avec l'intention de se purifier pour l'année à venir. Aussi l'automne est-il, dans la cosmologie chinoise, la saison du poumon, celle où l'on fait le plein de 气, qì, souffle-énergie vital(e) en se préparant à l'hiver qui est celle du rein et où l'on va se concentrer sur nos émonctoires. L'inter-saison est donc une bonne occasion pour méditer sur la respiration et en purifier la pratique.
Un exemple avec ces 6 mouvements de Qi Gong proposés par Maître Ke Wen :
Un exemple avec ces 6 mouvements de Qi Gong proposés par Maître Ke Wen :
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PhiPhilo.
要养生 (yào yǎng shēng) "nourris ta vie" !
Gege aime ce message
Re: 秋天, qiū tiān, automne.
"Le grand souffle indéterminé de la nature, s’appelle vent. Par lui-même, le vent n’a pas de son. Mais, quand il les émeut, tous les êtres deviennent pour lui comme un jeu d’anches"(Zhuāngzǐ , Zhuang Zi, iv).
A titre d'illustrations, voici deux échantillons musicaux d'auteurs occidentaux contemporains. L'un est de celui dont, plus que toute autre, l’œuvre tout entière nous semble illustrer la fluidité paisible d'une connivence extrême-orientale de la vie et de la nature : "the Hours" de Philip Glass. L'autre est d'une jeune compositrice dont le style donne la clé du chengyu d'après lequel 乐山乐水, ce qui peut se lire lè shān lè shuǐ ("joie de la montagne joie de l'eau") ou bien yuè shān yuè shuǐ ("musique de la montagne musique de l'eau") : "Vajrayana" de Camille Pépin.
Enjoy !
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PhiPhilo.
要养生 (yào yǎng shēng) "nourris ta vie" !
Claire Auf aime ce message
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