Droit ou penché ?

Salut, 
très intéressant les réponses à la question de Pierre G., très variées surtout dans leur approche au sujet : technique (voir mathématique), spirituel, exercices sans bâtons ou avec des bâtons plus longs...
Pourquoi faire si compliqué ?
Tout dépend de la foulée, de la vitesse et du terrain !
Naturellement, en marchant à un rythme tranquille ou modéré (sans bâtons ou en portant les bâtons), la tête, le tronc et le bassin sont dans une ligne verticale par rapport au sol. (Chose que l'on ne voit plus très souvent, la posture des humains devient de plus en plus mauvaise, trop molle ou trop rigide, à cause de notre vie contre-nature, notamment la sédentarité et les habitudes. (Mot de la kiné))
Quand on accentue cette marche naturelle en marchant nordique, c.à.d. en appuyant sur les bâtons pour se propulser, il y a d'abord un redressement du torse et une ouverture de la cage thoracique. Ce qui différencie d'ailleurs la MN de la randonnée où la plupart des pratiquants s'affaisse sur ses bâtons et se penche et courbe en avant (Posture inefficace et non ergonomique que je leur désapprends d'ailleurs pendant mes randonnées. (Mot de l'accompagnatrice en montagne.)
Naturellement, quand on marche plus vite sans bâtons, on se penche légèrement en avant afin que le haut du corps tire tout le reste à l'avant. Naturellement, à partir d'une certaine vitesse, les pas raccourcissent et les bras commencent à se plier. Le corps se prépare alors à courir pour aller encore plus vite.
En MN, pour aller plus vite, on pousse plus fort sur les bâtons et les pieds, le balancier des bras s'amplifie (surtout en arrière), les pas s'allongent - et le haut du corps commence à se pencher un peu en avant ! 
Expérimentez ceci : 
- Marchez nordique à une vitesse tranquille ou modéré, torse droit, ensuite poussez plus fort et accélérez en essayant de rester droit (torse à la verticale).
- Recommencez tranquillement, accélérez peu à peu en vous penchant légèrement (!) en avant. 
- Exagérez la droiture et le penché en alternance pour voir/sentir l'impact. 
- Cherchez le bon milieu où le mouvement de tout le corps semble le plus harmonieux.
- Essayez la même chose avec les bras plus pliés (le tiré-poussé) ou plus allongés (Alpha).

Vous allez constater qu'il est plus laborieux voire impossible de gagner en amplitude et en vitesse en restant droit comme un piquet, mais que trop penché en avant, on tape trop du bâton et la charge sur les bras est forte.

Dans l'idéal, la tête, le torse et la jambe arrière forment une ligne; avec le bras arrière, on voit un parallélogramme. (On revient donc aux maths...)
Selon la vitesse, le corps est plus ou moins penché à l'avant, mais les appuis restent sur les pieds, sans trop s'appuyer sur le bâton devant. L'alignement du corps avec les points de propulsion est un gage d'efficacité et rend la MN plus agréable pour toutes les articulations !
 
Et cela ne change pas à la montée ! Pas besoin de se pencher davantage, les appuis devraient toujours être sur les pieds, et les bras effectuent toujours un vrai balancier, les bras ne se plient pas davantage, l'angle d'attaque des bâtons (= hauteur des bras) reste presque inchangé (toujours en oblique et sans dépasser le pied devant). Le tout pour arriver à un mouvement ergonomique et économique, fluide sous toutes les circonstances.

L'image de Pino della Sega que NordicPat a partagée illustre très bien la posture idéale, mais je le préfère sans l'ajout de figures géométriques. (Sorry Pat!). Si vous ne l'avez pas encore fait, regardez ses vidéos, imprégnez-vous de ses mouvements, de sa posture.
Il y a aussi Jean-Pierre Guilloteau qui a écrit un excellent article à ce sujet (voir forum JMN du 12 juin 2020 posté par Angel) ou ses vidéos (https://www.jpgmontagnes.com/cours-de-marche-nordique-en-video).

Pour bien marcher nordique, il faut d'abord s'entraîner à écouter et sentir son corps, à connaître son fonctionnement, à développer ses autres qualités (coordination, souplesse, optimisation de la gestuelle), avant de s'entraîner à la vitesse...

Beatrix Voigt
Accompagnatrice en montagne
Instructrice et formatrice marche nordique
Masseure DE, prof de dans créative et praticienne de relaxation

Merci pour toutes ces précisions et les bons conseils..

Merci Béatrix pour cette contribution très pertinente.
Je reconnais bien là la grande professionnelle que tu es, et ton attachement à un geste naturel mais de qualité. 
J'ai eu la chance de bénéficier de tes conseils dans le Vercors sur l'EuronordicWalk, qui m'ont été bien utiles: en privilégiant la souplesse et l'amplitude à la puissance et la cadence, non seulement on ne marche pas moins vite mais c'est plus agréable. J'y repense souvent même si j'ai encore parfois un peu de mal.

Cf. le cpte rendu que j'aurais dû publier dans le sujet "des "sorties qui nous rendent heureux", sauf que là ce n'était pas une sortie mais tout un week-end : Mon ENW : Tout pour être heureux ! 

L'image de Pino della Sega que NordicPat a partagée illustre très bien la posture idéale, mais je le préfère sans l'ajout de figures géométriques. (Sorry Pat!). Si vous ne l'avez pas encore fait, regardez ses vidéos, imprégnez-vous de ses mouvements, de sa posture.

Ne sois pas désolée, je partage ton point de vue : je préfère aussi largement les belles images de Pino della Sega à la géométrie  .  Il a a plein de belles images mais c'est aussi une belle personne. Je suis admiratif de son courage et de la leçon de vie qu'il donne dans le moment très difficile qu'il traverse actuellement avec sa maladie.

Pour bien marcher nordique, il faut d'abord s'entraîner à écouter et sentir son corps, à connaître son fonctionnement, à développer ses autres qualités (coordination, souplesse, optimisation de la gestuelle), avant de s'entraîner à la vitesse...

Tout à fait, et en plus marcher "en conscience" en s'intéressant à tout ça procure une source complémentaire de motivation (il y a tant à découvrir !) et de plaisir.

Bonjour Beatrix.

Merci pour vos remarques et conseils très "pros". Je me permets néanmoins trois petites objections.

Premièrement, il n'est pas exact que "naturellement, en marchant à un rythme tranquille ou modéré (sans bâtons ou en portant les bâtons), la tête, le tronc et le bassin sont dans une ligne verticale par rapport au sol". Parce que, pour qu'il y ait marche, il faut qu'il existe un léger déséquilibre par rapport à la position statique (laquelle, effectivement, est de plus en plus rarement "droite" chez les Occidentaux), déséquilibre qui est précisément créé par une inclinaison du buste vers l'avant. Si l'axe de votre corps reste perpendiculaire à celui du sol, vous n'avancerez pas.

Deuxièmement, il n'est pas exact que "cela ne change pas à la montée ! Pas besoin de se pencher davantage". Lorsque la pente s'accentue, imperceptiblement et spontanément, on se penche davantage afin d'abaisser un peu le centre de gravité et assurer une accroche au sol qui se fait plus difficile (pour peu que le sol soit instable, le pied a tendance à perdre de l'adhérence). Ce qui, d'ailleurs, est le cas aussi bien en montée qu'en descente.

Enfin, lorsque vous dites que "quand on accentue cette marche naturelle en marchant nordique, c.à.d. en appuyant sur les bâtons pour se propulser", vous semblez dire que c'est le haut du corps qui commande le mouvement. Or, contrairement à un mythe typiquement occidental, un mouvement est d'autant plus précis et économe en énergie qu'il provient plus du centre de gravité (ce n'est pas des maths, c'est de la physique !), ce que les Japonais appellent le hara. D'ailleurs les karatékas le savent bien : le mouvement des bras (donc du haut du corps) efficace vient du ventre ... et non des bras ou des épaules ! Il me semble que la prise de conscience de l'importance du hara serait de nature à (ré-)éduquer pas mal de marcheurs (-euses), nordiques ou non.

Merci pour vos conseils